Samedi 9 avril

10 h 00

Rencontre avec Françoise Davisse

Il n'y a pas de parole possible sans écoute sous peine de la travestir en discours, babillage ou mots d'ordre. Dans le cinéma documentaire, pour qu'elle se délie et se déploie, il faut des plans conçus comme un habitat, un havre voire un écrin où accueillir en confiance le récit de l'autre, à plus forte raison quand il ne va plus de soi, souffrant d'avoir été bâillonné trop longtemps. Se taire, c'est se terrer; dire ses conditions de vie, parvenir à y mettre ses propres mots, revient à se libérer en retrouvant le goût de l'existence. "Comme des lions" réenchante ainsi la parole ouvrière, réaffirmant dans la liesse sa puissance collective, sa poésie et sa capacité d'invention comme le fit en son temps le cinéma des groupes Medvedkine dont Françoise Davisse assure crânement la filiation. Caméra pédagogique, politique de l'hospitalité, art de s'accompagner mutuellement : cette expérience artistique marque les grands films documentaires Patrick Leboutte

 

11 h 00

Destination départ

film collectif initié par Philippe Delgleize  23mn

À l'origine, un projet pédagogique évoquant les conditions et les raisons de l'immigration espagnole à Liège, dans les années 1950. Signe particulier : ceux qui réalisent ce film ont entre 17 et 20 ans, tous élèves de terminale, d'origine turque ou maghrébine pour la plupart. En intégrant au document les traces mêmes de son tournage - plans sur ces étudiants captant le son ou cadrant, puis exprimant ce qu'ils ressentent à l'écoute de témoignages qui, au fond, racontent leur propre histoire -, le film ouvre soudain au cinéma, tel un hymne à la transmission entre les générations, d'une rive à l'autre de la Méditerranée, justifiant pleinement la persistance d'une éducation populaire aux images

14 h 30

150 ans de la ligue de l’enseignement

 

 

 

Fondée en 1866 par Jean Macé, la Ligue de l’enseignement rassemble aujourd’hui 30 000 associations affiliées et constitue en France, le plus important mouvement d’éducation populaire. Promoteur de la vie associative, partenaire de l’école publique et des acteurs locaux, la Ligue réunit des hommes et des femmes qui agissent au quotidien pour faire vivre la citoyenneté en favorisant l’accès de tous à l’éducation, la culture, les loisirs ou le sport.

 

A l'occasion de ses 150 ans en 2016, la Ligue de l'enseignement revisite son passé d'éducation populaire cinématographique, entre utilisation d'un nouveau moyen d'enseignement dès les années 20, "propagande sociale, pacifiste et laïque" dans les années 30, véritable formation du citoyen à la libération, y adjoignant l'éducation au cinéma comme art et langage à partir des années 50.

 

De 1945 à 1989 l’activité de la Ligue de l’enseignement à travers le réseau de l’Union française des œuvres laïques d'éducation par l'image et le son (UFOLEIS) a eu un rayonnement considérable puisque plus de 80 % des ciné-clubs lui étaient affiliés. Durant l’âge d’or des ciné-clubs, l’UFOLEIS  a permis à un large public la découverte d’œuvres majeures du cinéma.

 

Terre sans pain // Afrique 50 // Nuit et brouilllard

Immersion cruelle dans une des régions les plus désolées du sud de l'Espagne, "Terre sans pain" reste à ce jour le plus implacable des réquisitoires jamais tournés contre la misère. Attaque en règle contre la politique africaine de la France et authentique brûlot émeutier, "Afrique 50" est le premier film anticolonialiste de l'histoire du cinéma français. Initié par la Ligue de l'enseignement, puis étouffé par l'Etat jusqu'en 1990 (!), il vaudra à son auteur pas moins de 13 inculpations et une condamnation à un an de prison. A bien des égards ces deux films se ressemblent, unis par la même colère froide : mêmes censures et mêmes humiliations, mêmes terres en loque souillées par l'injustice, même violence rugueuse des images et surtout même rôle conféré à la voix en charge de porter le commentaire au plus loin, entre rage à peine contenue et fureur impuissante, jusqu'à ce qu'il atteigne le spectateur en plein cœur et vienne le ronger de l'intérieur. C'est une définition possible du geste documentaire, cet état d'alerte ou de veille : conscience d'arriver trop tard, parce que le mal est fait, mais confiance dans le travail du film pour que le spectateur à sa suite ne laisse pas les choses en leur état, au niveau du constat.

 

Le film le plus célèbre de l'histoire du documentaire français, l'honneur du septième art.

Des travellings devenus désormais "affaire de morale", tournés en 1954 à Auschwitz, sur les lieux mêmes de l'impensable, en couleur, au présent, en conscience, pour trouer le récit en noir et blanc et contrecarrer la fascination qu'exercent trop souvent les archives. Autrement dit : une mise en scène minimale pour sortir de l'envoûtement du spectacle et permettre à chacun de voir par-delà ce qu'il regarde. Avec ce film, Alain Resnais réaffirme la croyance du cinéma documentaire en un "spectateur agissant et pensant", faisant en sorte que les images exhumées, revenues des profondeurs, puissent en lui faire sédiment; qu'elles ne se diluent pas, emportées par l'émotion, mais qu'au contraire elles résistent à l'entendement, qu'elles nous travaillent, qu'elles ne "passent" pas, jamais. "Nuit et brouillard", un beau film? Non, un film juste", écrira Serge Daney, peu avant sa mort, faisant remonter à sa découverte, au Lycée Voltaire, en 1959, sa décision de consacrer sa vie à la transmission du cinéma. Nous sommes quelques-uns dans ce cas

séance suivie d'un "goûter d'anniversaire"

18 h 15

Muchachas

 

Née au Mexique, Juliana Fanjul y retourne après des années, à la mort de sa grand-mère. Elle y recroise Remedios, Dolores et Lupita, employées dévouées de sa famille depuis toujours. Pourtant personne ne semble remarquer leur présence… Avec ce film qui rend la parole à ces femmes trop discrètes, la réalisatrice rétablit en douceur un fragile équilibre social.

 

20 h 45

C'est quoi ce travail ?

de Luc Joulé et Sébastien Jousse 1h40

Ils sont au travail. Les salariés d’une usine qui produit 800.000 pièces d’automobile par jour et le compositeur Nicolas Frize dont la création musicale s’invente au cœur des ateliers. Chacun à sa manière, ils disent leur travail. Chacun à sa manière, ils posent la question : alors, c’est quoi le travail ?

 

 Ce formidable documentaire fait mieux que filmer une simple expérience : il contemple, donc, le "travail", dans son essence même : un dialogue incessant entre celui qui crée et ceux qui fabriquent. Cécile Mury -  Télérama

 

"Nous avons vu cette année un très beau film intitulé "C'est quoi ce travail ?" réalisé par Luc Joulé et Sébastien Jousse. C'est une œuvre que nous aurions aimé avoir réalisée, et à propos de personnes dont on ne parle plus beaucoup, les ouvriers. Nous pensons que ce film doit être partagé par tous et qu'il va vous intéresser.

Suite à la projection, j'avais écrit un mot aux deux réalisateurs que je ne connaissais pas, « J'ai vu "C'est quoi ce travail?" au Cinéma du réel. J'en suis sorti émerveillé, touché au cœur. J'ai effectué pendant deux ans lorsque j'avais 20 ans le même travail que les ouvriers qui sont filmés ici au quotidien dans une usine Peugeot et j'ai retrouvé l'humeur, la richesse, la complexité de tout ce que j'y avais éprouvé alors. Pénétrer dans l'antre de Vulcain est un privilège: le métal apprivoisé, les machines qui emboutissent, le bruit, les odeurs d'huile chaude, et le sentiment d'appartenance à une communauté soudée dans le temps, où chacun apprend à se connaitre au fur et à mesure que passent les ans.

Les deux metteurs en scène, tels des frères, complices et amoureux de ce qu'ils filment, nous font entendre les voix intérieures des ouvriers, pleines d'humour, de connaissance, de lucidité, et de dérision, toute une  matière humaine sensible et pensante, si proche de ce qui pourrait être encore une espérance commune.

Ils filment aussi Nicolas Frize, célèbre compositeur venu ici pour y malaxer un opéra de sons et de mots avec les matériaux qu'il puise dans les rebuts des machines, les sons qu'elles produisent, le chant même du travail, et dont le livret s'inspire de toutes les conversations qu'il a avec les travailleurs.

On ne connait plus depuis longtemps les ouvriers, on pourrait même croire qu'ils ont disparu, le film nous les remet en pleine lumière. » Jean-Pierre Duret invité du festival en 2014

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