Dimanche 4 mars

 

La journée du dimanche est de façon tradionnelle une carte blanche à Patrick Leboutte.

 

Cette année, il nous présentera son grand coup de coeur récent, "La mort de Danton", puis il déclinera à son tour notre thématique des femmes.

 

En attendant de le retrouver à Villedieu, le voici qui présente sa collection Le geste documentaire lors d'un interview filmé.

10 h

La mort de Danton

d'Alice Diop

"Steve possède le physique d’un déménageur ; il est grand, il est noir, il fait peur. Il poursuit le projet de devenir acteur, mais vit en Seine-Saint-Denis, autrement dit du mauvais côté de la frontière, franchissant néanmoins le périph’ comme on dépasse les limites pour suivre pendant trois ans les enseignements du Cours Simon, temple de la culture classique française.

Alice Diop est cinéaste, noire elle aussi, Sénégauloise précisément comme elle l’assure régulièrement avec sa magnifique détermination à vouloir d’abord habiter la langue française, amoureusement. Elle a connu Steve des années plus tôt, originaire comme lui de la Cité des 3.000, à Aulnay-sous-bois. Elle filme ici son apprentissage du théâtre, les leçons de diction, les répétitions, la progression comme les déboires.  

Cela se voit, ces deux-là font la paire, mais sont-ils bien à leur place, pensent-ils être dans leur rôle, plébéiens au beau milieu des bourges, chats de gouttière frôlant ceux qui possèdent ? N’y aurait-il pas quelque effraction, quelque scandale à vouloir à ce point entrer dans la lumière ? Voilà ce que leur renvoient, serait-ce inconsciemment, le ton et la posture des maîtres dont Alice filme les relations de travail avec Steve tel un brutal rapport de classes. Il rêvait d’interpréter Danton dans son discours sur la fin des privilèges, on lui fera jouer un nègre puisqu’il est un homme de couleur, comme une façon de le reconduire à la case départ, évidemment celle de l’oncle Tom.

La Mort de Danton n’est pas un film sur la banlieue, pas même sur le théâtre, mais à travers l’histoire d’un type que l’on remet à sa place une œuvre majeure sur la domination, doublée d’une radiographie de la France, tranchante comme un couperet. Prenons garde dès lors au dernier plan, il n’est peut-être qu’un commencement, car ce que ses maîtres refusent à Steve, Alice lui offre en secret et ce que l’on voit alors, c’est une noce de pauvres, l’alliance de deux lucioles en colère fomentant dans les replis du monde le grand retour de Danton. On l’attend."
Patrick Leboutte

 

Le film a obtenu le Prix des Bibliothèques au Cinéma du Réel 2011.

La projection sera suivie d'une rencontre avec la réalisatrice.


Paroles de femmes, mémoires du monde

"Tout au long des années 60 et 70, le cinéma direct, art d’enregistrer conjointement les images et les sons, libéra la parole. Ce fut alors une incroyable envolée d’accents, de parlures, d’intonations, comme autant de lâchers de ballons venus de corps auparavant largement absents des écrans, hommes et femmes ordinaires du cinéma, comme aime l’écrire Jean-Louis Comolli. Au nombre de ceux-ci figure une poignée d’ouvrières comptant parmi les plus beaux portraits de femmes de l’histoire du cinéma. Certes leur vie n’est pas forcément un poème, mais leur capacité à la nommer, à la comprendre, à l’imager n’en finit pas d’étonner, scellée par leur immuable dignité. Je vous propose de passer l’après-midi auprès d’elles, à voir ce qu’elles nous disent, à écouter ce qu’elles nous montrent, pour nous réchauffer, pour penser. "
Patrick Leboutte

14 h 30

Classe de lutte

film du groupe Medvedkine de Besançon

Pour son premier film, le groupe Medvedkine de Besançon – collectif très masculin, né dans une usine du textile pour filmer la classe ouvrière de l’intérieur même de ses réalités – choisit de composer le portrait de Suzanne, employée dans l’horlogerie, pour le représenter. Ce paradoxe en fait toute la beauté (PL).

A pas lentes

film du collectif Cinélutte

Quatre ans après le conflit à l’usine Lip de Besançon, théâtre de la grève la plus emblématique de l’après-68, une équipe de cinéastes donne la parole aux ouvrières, à Renée et Christiane en particulier, figures inoubliables. Elles parlent des conditions de travail, de l’éducation des enfants, de leur rapport aux hommes, et là, soudain tout bascule, de la lutte des classes à la guerre des sexes, offrant à Cinélutte son plus beau film (PL).

 

17 h

La Boucane

de Jean Gaumy

En 1972, Jean Gaumy fait quelques-unes de ses premières photographies à Fécamp, dans une fabrique de harengs fumés. Particulièrement attiré par l’atelier des filetières, il décide de revenir dix ans plus tard leur montrer ses photos et réaliser son premier film avec elles, en toute complicité. Certaines font ce travail pénible depuis plus de vingt-cinq ans, toutes débordent d'un enthousiasme, d’une vitalité qui jurent avec la saleté, et la dureté de leur travail.

« Elles sont autour d’une grande table, face les unes aux autres. Tout en découpant les poissons, tout en n’arrêtant pas, elles peuvent causer entre elles. Ces femmes sont de tous âges, toutes débordent d’enthousiasme, d’un entrain quasi obscène tant il jure avec la saleté et la semi-obscurité de ce travail. La caméra de Jean Gaumy va des unes aux autres, s’arrête sur chaque ouvrière, le temps d’en faire le portrait, abandonne les cadres fonctionnels du travail pour filmer les émotions des visages, la coquetterie, le sensualité à fleur de peau de ces femmes » Yann Lardeau - Cahiers du cinéma

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