Samedi 15 avril  17h30

rencontre avec Yvan Petit

De la résistance des digues est un ouvrage ciselé seul et fait main, en artisan, images, montage et texte sans un mot de trop, façonné dans la pratique quasiment quotidienne du journal filmé. A l’origine, on trouve une commande d’un film sur les risques de montée des eaux de la Loire, la crainte de grandes crues et les mesures prises dans l’Histoire locale pour se rassurer. A l’arrivée, on regarde une œuvre intime, autobiographique, articulant état du monde et anxiété climatique avec nos propres dépressions, parlant de nous, autrement dit un film universel : en tous points, dans le moindre plan, notre contemporain. Car évidemment ici, les digues réelles ne sont que métaphores illusoires et fragiles des propres murailles mentales que nous nous inventons et édifions pour espérer encore un peu tenir le coup en ce monde, de l’intérieur de nos cabines, à bord du même bateau ivre, quand il suffit de regarder par le hublot pour se savoir menacés de submersion, au plus près de nos sacs de sable perforés. Mais De la résistance des digues est aussi l’histoire d’un roseau, d’un homme qui fléchit mais ne rompt pas, bien décidé de continuer d’apprendre à vivre dans cet environnement, coûte que coûte, et qui sort de son désarroi sans quitter pour autant sa mélancolie, en filmant longuement des fleurs étranges, aux couleurs changeantes en fonction de la lumière, sur les bords d’une autoroute urbaine : ce qui reste, ce qui repousse et repoussera toujours, serait-ce en notre absence future. Patrick Leboutte

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