Alexandre Medvedkine, cinéaste soviétique, a sillonné l’URSS au début des années 30 à bord d’un train transportant une unité mobile de production pour filmer ouvriers et paysans et leur montrer aussitôt leur propre image.

Montés dans l’urgence juste après leur tournage, les films pouvaient être montrés dès le lendemain

Cette expérience originale a fortement marqué et inspiré de jeunes cinéastes désireux d’intervenir sur le réel. De nombreux « groupes Medvedkine » se sont constitués à travers le monde.

En France, c’est à partir du milieu des années 60 que le mouvement a eu lieu, d’abord à Besançon, autour d’ouvriers de la Rhodiaceta, puis à Sochaux chez Peugeot.

La rencontre a d’abord lieu entre les ouvriers et de jeunes cinéastes, parmi lesquels Chris Marker, Jean-Luc Godard, René Vautier, venus filmer une grève. Les ouvriers vont alors s’emparer des outils du cinéma pour réaliser sur une période courte une quinzaine de films d’une grande liberté et d’une énergie folle.

Nous présenterons trois films courts, conçus en 1969-1970 et composant la série dite "Nouvelle Société", ciné-tracts ironiques et insolents, entre situationnisme et agit-prop, actualités populaires et cinéma d'intervention, « où à la jubilation de retourner contre elles-mêmes les images du pouvoir, de les détourner puis de les renvoyer à leur expéditeur, écrit Patrick Leboutte, s'ajoute le plaisir qu'éprouvent les cinéastes-ouvriers à inventer leur propre actualité sans se soucier des maîtres : cinéma-boomerang, cinéma de guérilla. »